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Le farz buen

Photo de référence

Farz buen et fars pitilig sont deux façons de cuire la pâte à crêpe (ou la pâte à far, c’est la même chose, seule la fluidité change). Elles sont nées du génie des mères de familles paysannes bretonnes.

En ces temps-là, la ferme, il y a toujours du boulot. On s’organise en conséquence, dans le calme et la sérénité si possible, en famille, pour assurer les travaux des champs, les soins aux bêtes, la traite, sans oublier le linge et la cuisine.

Remplir le ventre des enfants

Récolte des pommes de terre en famille au début du XXe siècle
Les travaux des champs mobilisaient parfois toute la famille (carte postale du début du XXe siècle)

Parfois, il faut en faire un peu plus, il faut vite terminer la récolte ou la plantation, car la météo va changer… On reste au champ le plus tard possible. Ça n’empêche pas les enfants d’avoir faim, le soir. Qu’est-ce qui leur ferait plaisir ? On est en Bretagne : ils adorent les crêpes ! Mais les crêpes, c’est trop long pour servir tout ce petit monde — chacun est capable d’avaler cinq ou six crêpes — et ce n’est pas de tout repos pour une mère de famille épuisée… Du far, alors ? Mais il faut compter une bonne heure de cuisson, et le far ça se mange froid…

Bon, si on faisait quelque chose entre les deux ? Une pâte à far qu’on va cuire vite fait, en une fois, à la poêle. Allez, on y va !

La cuisson du fars buen

Problème : cette pâte doit être bien cuite, sinon elle reste sur l’estomac. Au four, ça marche, au prix d’une heure de cuisson. En crêpe, ça marche aussi, c’est tellement fin une crêpe, ça cuit en quelques secondes.

Bon, on verra bien, se dit la mère de famille, ils ont trop faim, on y va ! Un bon morceau de beurre dans la poêle bien chaude, et vas-y que je te verse la pâte, mmmh, ça sent bon, la partie de la pâte en contact avec la poêle est déjà cuite, mais le dessus pas du tout. Un coup de cuillère, et hop, une partie du dessus se retrouve dessous et cuit à son tour.

Et si je mettais tout ça en petits bouts, maintenant que c’est à peu près pris ? Ça cuirait plus vite, pense la mère de famille… Deux cuillères de bois sont alors nécessaires pour couper ou déchirer la pâte… Un vrai chantier, cette poêle ! Ça semble un peu sec, dis-donc… Allez, encore un peu de beurre va permettre à chaque petit morceau de bien dorer, et tiens, un peu de sucre pour caraméliser, ça devient joli, dis-donc, à table, les enfants, c’est prêt !

Et les enfants se régalent, c’était un peu couru d’avance, ils iront au lit le ventre plein, c’est bien.

Farz buen vs farz pitilig

Deux techniques culinaires permettent de cuire le far à la poêle :

  • Le farz buen (buan ou buen signifie vite, rapide) est basé sur la division de la pâte, une fois qu’elle a commencé à cuire, en petits morceaux. Ainsi, la chaleur peut pénétrer assez vite vers l’intérieur de chacun de ces petits morceaux, et ça cuit à cœur !
  • Le farz pitilig (pitilig signifie poêle à crêpe) est plus complexe et à notre avis plus élégant : on verse la pâte sur une poêle très chaude (et bien beurrée !), elle est saisie, puis on « soulève » cette partie déjà cuite pour faire la place à la pâte encore liquide, qui se répand sur la poêle et est saisie à son tour. C’est le principe de l’omelette. On répète l’opération plusieurs fois, jusqu’à ce que l’ensemble soit cuit.

Nous avons déjà publié la recette du farz pitilig, voici donc celle du fars buen. Les deux constituent aujourd’hui des desserts, goûters, voire petit-déjeuners appréciés des enfants et des grands.

La recette

Le farz buen
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Farz buen

Préparation 10 minutes
Cuisson 10 minutes
Portions 4 personnes

Ingrédients

  • 300 g farine
  • 1/2 litre lait
  • 2 œufs
  • 50 g sucre en poudre + sur la table, sucre à volonté
  • 40 ç beurre

Instructions

Chacun a sa méthode pour obtenir une pâte à crêpes sans grumeaux, voici la nôtre :

  • Cassez et battez les œufs. Délayez avec un peu de lait.
  • Ajoutez petit à petit la farine, mélangez. Ajoutez si nécessaire un peu de lait, le but est d’obtenir quelque chose d’épais mais facile à mélanger. À ce stade, les grumeaux se fondent naturellement dans l’ensemble.
  • Lorsque votre mélange est bien homogène, ajoutez le reste du lait petit à petit, en mélangeant bien.
  • Puis versez le sucre, mélangez.

La cuisson

  • Faites chauffer une grande poêle, mettez-y la moitié du beurre (un bon morceau, quoi…).
  • Versez toute la pâte dans cette poêle bien chaude.
  • Laissez colorer et cuire quelques instants.
  • Toujours dans la poêle, à l’aide de deux cuillères en bois, déchirez la pâte pour la séparer en petits morceaux. À ce stade, on peut ajouter un peu de beurre.
    Comment cuire le fars buen
  • Continuez à couper chaque morceau de manière à obtenir des petites boules de far, qui vont ainsi pouvoir cuire à cœur. Vous pouvez ajouter du sucre en poudre pour caraméliser légèrement. Attention, ne cuisez pas trop, votre far pourrait se racornir.
    Comment cuire le farz buen à la poêle
  • Servez bien chaud avec du sucre en poudre à volonté.

8 commentaires à propos de “Le farz buen

  1. Chez moi vers Brest, on le mange en plat salé avec de la salade et de la moutarde (comme ma grand mère paternelle) puis en dessert, sucré (comme ma grand mère maternelle) …
    Je vous dis pas la première fois que mon père a gouté la version sucrée de ma mère en pensant manger quelque chose de salé, le choc 🙂 🙂
    Les 2 sont excellents…

  2. C’est délicieux ! Merci !
    Cela me rappelle le Kaiserschmarrn qui se mange en Allemagne :
    https://vivreamunich.com/le-kaiserschmarrn-la-crepe-imperiale.html

    Lors d’une partie de chasse dans le Tyrol, l’empereur d’Autriche François-Joseph II et son épouse l’impératrice Sissi firent une halte dans une petite ferme. L’humble paysanne leur prépara une collation avec ce dont elle disposait : une pâte à crêpes, des raisins secs et de la confiture de prunes. Mais sa pâte, trop épaisse, accrocha et elle la détacha de la poêle en lambeaux ! A la grande surprise de la fermière, Sissi et l’empereur se délectèrent de cette crêpe rustique coupée en gros morceaux et l’on rapporte qu’ils en firent leur dessert préféré. Le Kaiserschmarrn était né.

  3. Trop bon. Aussi bien le pitilig que le buen. J’ai fait des adeptes. Mes petits enfants les préfèrent aux crêpes. Merci à Cuisine à l’Ouest!!

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