Une drôle de bestiole, qui ressemble à une patte de tortue. Un bec blanc au bout d’un tuyau noir. Un ongle au bout d’un gant de toile émeri. Bon, un truc vraiment bizarre. Un ver marin ? non, c’est un crustacé. Comme le crabe ou la crevette. Et qui se mange, lui aussi. Qui est même très, mais alors très très recherché en Espagne.
Comme l’animal aime vivre sur les rochers exposés aux belles vagues, vous pensez bien qu’il se plaît en Bretagne. Nous en avons quelques gisements. Pour autant, c’est un produit plutôt rare.
Pouce-pied ou pousse-pied ?
Ben, pouce-pied, bien sûr, comme le pouce du pied, quoi !
Pas si évident : l’orthographe pousse-pied est aussi acceptée. Elle peut se justifier par le fait que les juvéniles poussent sur le pied des plus grands…
Oui mais voilà, le nom latin est Pollicipes, de polex (pouce ou gros orteil) et pes (pied).
Nous, on aimait bien pousse-pied, mais nous allons donc partir sur pouce-pied.
L’anatife et le pouce-pied
On trouve sur les plages, accrochés aux épaves (bouée, bois flotté, bout de cordage…), de très jolis anatifes qui malheureusement ne sont pas des pouces-pieds, mais des cousins voyageurs. Probablement comestibles, ils ne présentent aucun intérêt gustatif.
Le pouce-pied, lui, est sédentaire et vit toujours solidement accroché aux rochers.
Les pêcheurs de pouces-pieds
La pêche professionnelle aux pouces-pieds est une activité plutôt rare, mais elle existe. Elle est destinée pour partie au marché local, pour partie à l’exportation vers l’Espagne. Très difficile, sa rentabilité est liée au niveau des cours espagnols.
Nous avons trouvé deux vidéos très intéressantes :
• La première, réalisée par le magazine Littoral (France 3) et diffusée sur Youtube, qui montre l’activité d’un pêcheur professionnel à pied, sur Belle-Île :
• La seconde, réalisée par Ronan Larvor, du Télégramme, et diffusée sur Dailymotion, accompagne un pêcheur du Cap Sizun, au départ du port acrobatique de Brézellec :
Le pouce-pied, comment ça se mange ?
Après cuisson (voir ci-dessous), on saisit la tête entre le pouce et l’index, de l’autre main on pince le fourreau, juste en-dessous de la coquille, on fait un quart de tour, le fourreau se détache tandis qu’un jet de liquide atteint l’œil de l’opérateur. Vous voilà initié à la dégustation du pouce-pied, un vrai baptême.
Ce qui se mange, c’est la partie intérieure, une sorte de muscle mi-mou mi-coriace, aux parfums iodés. La saveur est difficile à décrire, c’est à la fois puissant et délicat, un peu spécial quand même, à réserver sans doute aux inconditionnels des produits de la mer.
La cuisson du pouce-pied
Nettoyez vos pouces-pieds, séparez-les délicatement les uns des autres, sans insister : il faut faire attention à ne pas percer le pied, il renferme une eau iodée qui donne son parfum à la chair.
Plongez vos pouces-pieds dans de l’eau frémissante 5 minutes maxi. Salez l’eau, mais il est inutile d’ajouter des aromates.
Il n’existe pas vraiment d’autres recettes : le pouce-pied se mange comme ça, nature, sans fioriture.
Plutôt rare, le pouce-pied
…et les bonnes adresses pour en trouver ne sont donc pas légion. Si vous en trouvez dans votre poissonnerie, vous avez de la chance, profitez-en !
En pêche à pied
C’est paraît-il faisable, on en trouve du côté de Crozon et du Cap Sizun, ainsi qu’à Belle-Île. Mais c’est périlleux, le pouce-pied s’accroche aux rochers exposés aux vagues. On le décroche à l’aide d’un outil un peu costaud, genre vieux tournevis.
Si vous tentez l’expérience, renseignez-vous, les dates de pêche et les quantités sont réglementées.
Pour le Finistère, vous trouverez des infos sur le site Crozon-Bretagne
Et pour la Bretagne, vous pourrez trouver les arrêtés sur Bretagne Pêche