Au marché, on a très envie d’acheter des produits de qualité. On y trouve souvent de belles surprises, des produits rares ou inconnus.
On se laisse tenter par cette drôle de verdure, le pourpier aux feuilles rondes au bout de tiges démesurément longues (“Tout se mange”, dit le maraîcher), la ficoïde glaciale si étrange…
Plus loin chez le fromager ce chèvre frais si frais si frais… À côté, le beurre Bordier, vous avez déjà goûté le beurre Bordier ?
Enfin la crêpière, tiens, des crêpes, c’est une idée, on va prendre 6 crêpes de blé noir, s’il vous plaît Madame.
— Et voilà, 6 galettes !
— Ah vous dites « galettes », vous ?
— Ici en Finistère, on dit « crêpes de blé noir », moi je dis « galettes », à la rennaise, car j’ai appris à les faire à Rennes. Ici, on ajoute des œufs, du lait… la recette rennaise est plus simple : de la farine de sarrasin, du sel, de l’eau et rien d’autre. C’est plus difficile à « tirer » sur la poêle, mais c’est meilleur, on a bien le goût du sarrasin.
Voilà, c’est l’esprit marché : on achète de bonnes choses, mais surtout on en parle, on raconte comment c’est fait, on échange des conseils, des idées… Parler, c’est le début du bien-manger. Causer, c’est aussi important que cuisiner.
Bon, on la fait, cette crêpe « retour de marché » ? Rien de bien compliqué : un peu de beurre Bordier au fond de la poêle, on pose la crêpe avec une infinie délicatesse (la crêpe de blé noir est fragile, car sans gluten), on y dépose quelques morceaux de saumon frais préalablement poêlé, quelques touches de chèvre frais, de la fleur de sel de Guérande, du poivre.
On plie les bords, juste assez pour laisser voir la garniture.
On glisse la crêpe sur l’assiette avec la même délicatesse, on agrémente d’un bon morceau de beurre Bordier qui va fondre doucement, on ajoute le pourpier et la ficoïde, on arrose de vinaigrette au balsamique…
Et voilà, c’est tout simple, non ? Et pourtant c’est un régal. Un concentré de bonnes choses dans l’assiette.