La Saint-Jacques à la bretonne, c’est toute une histoire, on ne peut pas vous livrer comme ça une simple recette, il faut bien comprendre… on va d’abord vous détailler sa philosophie, point par point.
Mais si vous êtes pressé et que vous voulez tenter le coup sans entendre les précieux conseils de Cuisine à l’Ouest, allez directement à la recette.
La philosophie
La Saint-Jacques, c’est tellement fin, tellement délicat, tellement précieux que la meilleure recette, c’est la plus simple : la noix juste poêlée dans un peu de beurre, à peine cuite à cœur, un peu dorée en surface.
Carrément le contraire de cette fameuse Saint-Jacques à la bretonne, où la noix est noyée dans une préparation un peu lourde…
Autrefois, c’était la seule recette de Saint-Jacques pratiquée dans les familles, un plat de choix, réservée aux tables de fête. La simplicité est venue plus tard, influencée sans doute par la Nouvelle Cuisine qui a su dans les années soixante-dix retrouver les saveurs des produits bruts, peu cuits, sans sauce inutile.
Et voilà que ce siècle redécouvre les recettes d’antan, les valeurs sûres, les plats préparés avec amour et patience et ingéniosité aussi par les mères de famille.
Enrober la noix de Saint-Jacques
Ingéniosité ? Mais oui, pour servir de la Saint-Jacques à toute une famille, il en faut… La noix de Saint-Jacques n’est pas donnée, on ne peut pas en servir des quantités…
Une coquille Saint-Jacques à la bretonne bien préparée offre l’avantage du volume — on a de quoi manger, c’est important — tout en respectant le goût de la Saint-Jacques.
Le principe est donc d’enrober la noix de Saint-Jacques de quelque chose qui viendra soutenir son goût subtil sans le détruire, de faire du volume sans nuire à la texture…
Échalote ou oignon ?
Commençons donc par le commencement, l’oignon et/ou l’échalote sont indissociables de la cuisine bretonne, de toute cuisine qui se respecte, en fait. Ici, sans hésiter, nous allons choisir l’échalote, attention, la vraie, celle qu’on appelle échalote traditionnelle. Son parfum fruité viendra sublimer la saveur, à condition de ne point trop en mettre. On la fera revenir, finement ciselée, dans un peu de beurre.
Mie de pain ou farine ?
À ce stade, on pourrait ajouter un peu de farine, ce qui donnerait au final une sorte de béchamel. Pas bête, la béchamel, pour enrober la Saint-Jacques. Mais les cuisinières bretonnes ont trouvé mieux : de la mie de pain, si possible rassis, trempée dans du lait. Le pain apporte ainsi sa saveur et sa consistance.
Ne faites pas l’erreur de prendre du pain de mie : non non, du vrai pain de boulangerie, du pain blanc, ce sera parfait.
Augmenter le volume de la Saint-Jacques
Du poisson
Ici, il est possible de tricher. On peut y ajouter du poisson blanc (voir notre article sur l’émietté de poisson), on peut même faire des coquilles de poisson sans Saint-Jacques, qui par effet de mimétisme rappellent bien la coquille à la bretonne, on peut s’en contenter.
Les barbes de Saint-Jacques
Mais c’est une autre histoire, nous parlons bien aujourd’hui des Saint-Jacques à la bretonne. Pour augmenter le volume, nous allons donc utiliser les barbes. Alors évidemment, si l’on utilise des noix de Saint-Jacques toutes prêtes, fraîches ou congelées, on n’aura pas de barbes, on peut s’en passer.
Mais ce serait dommage. Nous avons des coquilles Saint-Jacques entières, nous allons donc les exploiter au maximum. Pour savoir récupérer et préparer ces fameuses barbes de Saint-Jacques, voyez notre article.
Quelle quantité de Saint-Jacques par coquille ?
La quantité de noix de Saint-Jacques par coquille peut bien évidemment varier selon la taille des noix et selon vos souhaits. Trois noix par coquille, c’est parfait. On peut s’en sortir avec seulement deux noix, surtout si vous suivez notre conseil de récupérer les barbes.
Le corail
Si vos Saint-Jacques sont « coraillées » — cela dépend de la saison et de leur origine — vous pourrez réserver le corail pour le mettre sur le dessus de la coquille, ce sera très joli ! Sinon, on s’en passe très bien.
L’alcool
Le vin blanc est quasi-indispensable. Un blanc sec évidemment, muscadet ou gros-plant conviendront parfaitement.
Certains mettent un peu de cognac. Du coup, pas de vin blanc… Mouais, on n’est pas convaincus.
La coquille
C’est un des éléments essentiels de la Saint-Jacques à la bretonne : la coquille. Récupérez les plus belles coquilles parmi celles que vous êtes en train de préparer, la partie creuse, bien sûr. Mais on peut aussi les garder d’une fois sur l’autre. D’ailleurs, il faut toujours garder des coquilles : ça sert de cendrier, ça peu aider à écailler le poisson (si si, regardez cette astuce), c’est un objet magnifique.
Alors bien sûr, si vous travaillez à partir de noix de Saint-Jacques toutes prêtes et si vous n’avez pas de coquilles en stock, vous pouvez vous débrouiller avec des cassolettes ou des ramequins, mais c’est moins bien.
La chapelure
Avant passage au four, on couvre la préparation de chapelure. La chapelure protège la chair des Saint-Jacques d’un éventuel excès de chaleur, elle absorbe le liquide, et elle forme avec un peu de beurre un écrin savoureux pour notre préparation. Bref, vous l’aurez compris, la chapelure est un élément essentiel de la Saint-Jacques à la bretonne.
La préparation de vos Saint-Jacques à la bretonne
Voilà, nous avons fait le tour de la question de la Saint-Jacques à la bretonne…Pourquoi toutes ces explications ? Parce que c’est une recette qui finalement se prépare assez vite, mais à laquelle il faut apporter beaucoup de soin et de précision. Bien couper, bien faire fondre les échalotes sans les brûler, bien faire réduire mais pas trop, ne pas trop cuire les noix de Saint-Jacques, couvrir uniformément de chapelure…
La Saint-Jacques à la bretonne, comment ça se mange ?
Au sortir du four, très chaud. On y plonge sa fourchette, la coquille tourne un peu dans l’assiette, ça fait du bruit, c’est rigolo. On souffle un peu sur le morceau de Saint-Jacques ainsi pêché (c’est très chaud, on vous dit), on déguste, c’est une merveille. On continue ainsi jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un peu de sauce au fond de la coquille, et on n’hésite pas à saucer à l’aide d’un morceau de pain.
Ah, mais, il reste encore un peu de chapelure caramélisée dans les cannelures de la coquille. On prend alors un couteau, on racle soigneusement, mmmmh, que c’est bon !
Les variantes
Et alors, cette recette, on peut la personnaliser ? Mais bien sûr, et on vous y encourage ! N’hésitez pas à nous faire part de vos variantes en commentaire. Pour notre part, nous avons osé faire une coquille Saint-Jacques à la bretonne exotique, et c’était très bon ! Et aussi une version sans gluten, ça peut être utile.
Saint-Jacques à la bretonne
Ingrédients
- 12 coquilles Saint-Jacques
- 2 échalotes traditionnelles
- 80 g mie de pain
- 20 cl lait
- 2 cuillères à soupe crème fraîche épaisse
- 1 verre vin blanc
- 60 g beurre demi-sel
- chapelure
- sel, poivre
Instructions
- Ouvrez les coquilles Saint-Jacques, réservez au frigo les noix que vous couperez en trois ou quatre.
- Récupérez les barbes, nettoyez-les soigneusement (voir notre article consacré aux barbes de Saint-Jacques).
- Faites les cuire dans un fond d’eau pendant quelques minutes.
- Égouttez-les et mixez-les (pas trop, il faut qu’il reste des morceaux).
- Remettez-les à cuire pendant deux heures dans du vin blanc à feu doux. Surveillez, ça ne doit pas brûler !)
- Faites tremper la mie de pain dans le lait.
- Faites fondre 50 g de beurre dans une poêle. Ajoutez l’échalote ciselée. Faites cuire une dizaine de minutes à feu doux.
- Ajoutez la mie de pain légèrement essorée, tournez. Ajoutez la préparation de barbes de Saint-Jacques, puis la crème fraîche. Goûtez et assaisonnez (sel, poivre).
- Coupez les noix de Saint-Jacques en trois ou quatre morceaux.
- Ajoutez les noix de Saint-Jacques dans votre préparation, coupez le feu. La chaleur suffira à les cuire.
- Garnissez les coquilles de cette préparation, ne remplissez pas trop, cela va gonfler au four. Saupoudrez de chapelure. Ajoutez une noisette de beurre sur chaque coquille. Ajoutez les corails si vous en avez.
- Cuisez au four à 180°C jusqu’à ce que ce soit doré. Servez bien chaud.
Bonjour
Nous sommes 14 à table pour Noel. J’habite en pays leonard j’ai acheté mes coquilles au marché. Le réveillon se fait à 800 kms. Je cuisine partiellement mes coquilles et congele la préparation pour terminer par mettre la crème sur place. J’aimerai avoir votre avis.
Une autre méthode est-elle préférable ?
Merci de votre réponse
Bonjour, ça me semble une bonne idée. Ça permet de faire toute la préparation — un peu longuette — à l’avance et d’être plus tranquille le jour J. Le risque porte sur la texture des noix de Saint-Jacques, mais comme la durée de congélation est courte, ça devrait aller.
Autre solution : congeler les noix de Saint-Jacques crues (ça marche très bien, chacun a son astuce, dans du lait, dans de l’eau de mer… https://cuisinealouest.com/congeler-les-saint-jacques/), préparer le reste (les barbes, les échalotes, la sauce…), congeler à part. Au dernier moment, vous ajoutez les noix de Saint-Jacques.
Bon réveillon !
J’adore toutes vos recettes
Rebonjour
Est ce un choix de ne pas mettre d’assaisonnement ?
Sel,poivre ?
Merci !
Alors le sel, je ne le mentionne pas toujours, pour plusieurs raisons : il y a pas mal de gens qui sont au régime sans sel ; j’utilise du beurre salé, cela sale souvent bien assez la recette ; il faut toujours goûter et « rectifier l’assaisonnement ». .
Quant au poivre, oui, cette recette peut être bien poivrée.
Merci à vous, je vais faire quelques corrections.
Bonjour,
Et le persil, est ce pour les narines de la tête de veau ? :-)
Je plaisante, mais je ne trouve pas trace de son utilisation dans votre recette.
Kenavo
Ah oui, c’est curieux, pourquoi ai-je mentionné « persil ou cerfeuil » ? Un copié-collé intempestif ? Bon, on peut en mettre, mais je n’en vois pas l’utilité. Je corrige cela.
Délicieuse de chez Délicieuse.. fait à Noël .. tt le monde s est régalé. A refaire sans modération… merci pour cette merveilleuse recette…que je garde ds mon cahier de cuisine…